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mardi 28 juillet 2009

La Seyne Aux Mouissèques, les locataires ont l'impression d'être oubliés


« La civilisation s'arrête là », se plaignent, non sans provocation, les habitants de la petite cité HLM... vestige d'une époque révolue, dans un quartier où tout, ou presque, a changé.

Photo Dominique Leriche


Les locataires n'en croient pas leurs yeux. Les Mouissèques, « notre quartier, familial, et où nous n'avons jamais eu de problème », a changé du tout au tout.

Leurs deux immeubles HLM « Les Mouissèques » se font toujours face, mais alentour, le paysage est méconnaissable.

Les anciennes menuiseries des chantiers, à l'ouest, ont disparu au profit des immeubles neufs de Porte marine.

À l'est, un autre programme immobilier, « Le Calypso », se termine.

Au sud, un ultime bâtiment de 18 mètres de haut doit encore sortir de terre, en lieu et place de maisons promises à la démolition.

Une voie de délestage

En quelques années, l'allée ombragée de la cité s'est transformée en une voie de délestage. « Les voitures passent comme des avions », se plaint Marie Viegas, locataire. « C'est la guerre au feu rouge en haut de Porte marine », raconte Massalda Laï, une voisine. « Alors les automobilistes tournent et rentrent comme des fous dans la cité. C'est continuel ».

Voilà pourquoi ils se mobilisent : les locataires revendiquent un peu de considération. « Vous voyez, ce tas de terre, on ne sait pas de quel chantier il vient, mais c'est chez nous, aux HLM qu'ils l'ont déposé ».

À l'arrière du bâtiment, on n'étend plus son linge depuis longtemps. Les voitures se garent sous les fils.

« Avant, les gamins jouaient ici. Aujourd'hui, c'est dangereux ».

Chères places de parking

Angelo, un riverain, résume, non sans provocation, « la civilisation s'arrête là », en se postant derrière un panneau de limitation de vitesse.

Tout le long de Porte marine, où les piétons peuvent utiliser de larges trottoirs, la circulation est limitée à 30 km/h. Mais dans la cité, où il n'y a aucun trottoir, la vitesse est de nouveau autorisée à 50. « Mais rouler à 50 km/h, ici, c'est criminel », s'insurge Mme Laï, qui vit ici depuis 1961. « On a peur qu'un gosse se fasse prendre ».

Marie Weiss, retraitée, se souvient aussi que « les pompiers ont eu du mal à rentrer dans l'immeuble, car les voitures garées bouchaient jusque l'escalier ».

Désormais, la course à la place de parking fait rage dans le quartier. Les nouveaux habitants de Porte marine sont nombreux à venir garer leur(s) véhicule(s) sous les fenêtres de l'HLM.

De fait, une seule place de parking était vendue avec les appartements neufs, comme celui qu'a acheté Delphine. « Nous avons un T3 et j'ai volontairement acheté une 2e place de parking, car je savais que nous n'arriverions pas à nous garer dans le quartier » (1).

Panneaux commandés

Le directeur de Terres du Sud Habitat (2), Joël Canapa, indique : « j'ai demandé qu'un panneau de limitation à 30 soit apposé et qu'on voit clairement que c'est une propriété des HLM ».

Comme c'est un terrain privé, c'est bien à l'office de régir les règles de circulation et de stationnement. « Nous pouvons mettre des interdictions de stationner, mais nous n'avons pas les pouvoirs de police pour les faire respecter. On peut peut-être rétrécir la voie, mais on ne fera pas de gros investissements ».

Car depuis des années, il est dit que la petite cité sera démolie et reconstruite. Problème, il faut non seulement trouver les financements (3), mais aussi reloger 22 familles. Déjà, 17 appartements sont vides et murés. Les locataires le savent pertinemment, mais en attendant, ils aimeraient quand même du mieux.

sbonnin@nicematin.fr

1. C'est à partir du T4 que l'achat de deux places de parking était obligatoire.

2. Nouvelle appellation de l'office publique de l'habitat.

3. Un dossier a été déposé dans le cadre de la loi Boutin, pour la requalification des quartiers anciens dégradés, voir notre édition d'hier (lundi 27 juillet).


Sources: Var Matin

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